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mercredi 15 février 2012

François II



François II (Fontainebleau, le 19 janvier 1544 - Orléans, le 5 décembre 1560), fut roi de France de 1559 à sa mort. Fils aîné d'Henri II et de Catherine de Médicis, il monte sur le trône de France à l'âge de quinze ans après la mort accidentelle de son père le 10 juillet 1559. Son règne éphémère n’a duré qu'un an et cinq mois.
 Son règne est marqué par une importante crise religieuse. À son avènement, il confie les rênes du gouvernement aux Guise, les oncles de son épouse Marie Stuart, reine d'Écosse, partisans d’une politique de répression à l'égard des protestants. Après la conjuration d’Amboise, il entame la mise en place d'une conciliation à l'égard des réformés mais se montre implacable face aux émeutiers qui mettent à mal son autorité.
Il naît onze ans après le mariage de ses parents. Cette période de stérilité de sa mère, Catherine de Médicis, aurait pu être cause de la répudiation de cette dernière. François est d'abord élevé au château de Saint-Germain-en-Laye. Ses parrains et marraines sont le pape Paul III, François Ier, la République de Venise et sa grande tante Marguerite d'Angoulême. Fait chevalier par son grand-père lors de son baptême, il reçoit le gouvernement du Languedoc en 1546. Il devient dauphin de France à la mort de son grand-père François Ier en 1547.
 Par l'accord signé à Châtillon le 27 janvier 1548, il est fiancé dès l'âge de cinq ans à Marie Stuart, reine d'Écosse et petite-fille de Claude de Lorraine, premier duc de Guise. Il l'épouse le 24 avril 1558 et devient roi consort d'Écosse. Elle n'a que deux ans de plus que lui.
Le 10 juillet 1559, François succède à son père Henri II, mort accidentellement. C’est un adolescent de quinze ans. Selon la loi, il est majeur et n'a théoriquement pas besoin de s'entourer d’un conseil de régence, mais, jeune, inexpérimenté et de santé fragile, il délègue son pouvoir aux oncles maternels de son épouse, les Guise.
 Les deux frères aînés de cette grande famille nobiliaire avaient déjà tenu un rôle majeur pendant le règne d’Henri II : le duc François était l’un des chefs militaires les plus réputés de l'armée royale et le cardinal Charles a été associé aux plus importantes négociations et affaires du royaume. A l’avènement du jeune roi, les deux frères se répartissent les charges du pouvoir ; le duc de Guise prend en main la direction de l'armée royale, tandis que le cardinal de Lorraine dispose des finances, de la justice et la diplomatie.
 Cet avènement des Guise se réalise au détriment de leur ancien rival, le connétable Anne de Montmorency. Le « tout-puissant » favori du règne précédent doit s'effacer. Sur la recommandation du nouveau roi, il quitte la cour. L’ancienne favorite Diane de Poitiers est également priée de ne plus paraître à la cour ; son protégé Jean Bertrand doit rendre les sceaux au chancelier François Olivier que Diane avait fait démettre quelques années plus tôt. Il s’agit d’une véritable révolution de palais. Les Guise s'imposent comme les nouveaux maîtres de la cour. Les faveurs et privilèges que leur accorde le roi sont nombreux. L'un des plus significatifs est l'attribution au duc de Guise de la charge de grand-maître qui appartenait alors au fils du connétable, François de Montmorency.
 Le 21 septembre 1559, François II est sacré à Reims par le cardinal de Lorraine.. Le château de Blois est le lieu de prédilection du nouveau roi.
Le règne de François II est dominé par une importante crise religieuse. L'impopularité de sa politique répressive à l'égard du protestantisme, amène des gentilshommes protestants à monter un coup d’État contre ses principaux conseillers, les Guise ; c’est le choc de la conjuration d’Amboise. Face au mécontentement grandissant, le gouvernement décide alors de tenter la conciliation. Sous l’influence de la reine Catherine de Médicis, il inaugure la mise en place d'un dialogue avec les tenants de la nouvelle religion mais demeure implacable face aux agitateurs. Jusqu’à la fin de son règne, le royaume de François II est paralysé par une vague de révoltes locales, prémisses des guerres de religion. De plus en plus autoritaire, le jeune roi entend faire la guerre aux rebelles pour faire respecter son autorité.
A peine placé à la tête de l’Etat, les Guise font l’objet dans tout le royaume de profonds mécontentements. Un mouvement d’opposition mené par les deux principaux princes du sang conteste leur mainmise du pouvoir et les mesures qu’ils prennent dans l’exercice de leur fonction.
Un mouvement d’opposition conteste leur monopole du pouvoir et leur oppose aux princes du sang comme Antoine de Bourbon, roi de Navarre.
L’action politique du gouvernement est également contestée. Les Guises doivent faire face à une situation financière désastreuse. Après plusieurs décennies de guerres contre les Habsbourg, la dette publique se monte à 48 millions de livres. Avec seulement 12 millions de recettes annuelles, les Guise sont contraints, pour renflouer les caisses de l'état de mener une politique d'austérité draconienne qui contribue à leur impopularité. Ils reportent ainsi le paiement des gages des militaires et des officiers du roi et le paiement des factures des fournisseurs de la cour. Les effectifs de l'armée sont réduits. De nombreux soldats se retrouvent sans emploi. Les frustrations naissent également au sein des gentilshommes de la cour, car les restrictions d’effectifs ne se font pas au détriment des régiments commandés par les Guise et de leurs amis.
 Dans le domaine religieux, les Guise durcissent la politique répressive à l'égard des protestants, initiée par le roi Henri II. Sous l'effet de leur action politique, l'automne 1559 est marqué par une grande vague de perquisitions, d'arrestations et de confiscations de bien. Le 23 décembre 1559, le conseiller-clerc Anne du Bourg, magistrat au parlement de Paris qui avait créé la polémique en contestant la répression, est publiquement exécutée à Paris en place de grève. Résolu de mettre un terme à la persécution et de faire reconnaître le droit du culte réformé, un groupe de gentilshommes montent le projet de renverser le gouvernement des Guise et de confier le pouvoir aux princes du sang, gagnés à la nouvelle religion. C'est la conjuration d'Amboise.
Pendant le mois de février, la cour reçoit plusieurs avertissements sur l'existence du complot. Face au danger grandissant, le conseil royal décide, sous l'influence de la reine Catherine de Médicis de faire des concessions. Le 8 mars 1560, le roi signe un édit qui offre une amnistie générale aux protestants. Mais il est trop tard, le complot est déjà en marche. De toutes les provinces du royaume, des troupes d'hommes se dirigent vers le château d’Amboise où siège la cour.
 Mal organisée, la conjuration va se terminer en bain de sang. D'abord enclin à la clémence, le roi les fait relâcher en leur ordonnant de retourner chez eux. Mais le 17 mars, 200 hommes tentent de prendre d’assaut une porte de la ville au pied du château. Rapidement dispersés par le duc de Guise, les rebelles sont impitoyablement pourchassés.
L’attitude des Guise à l'égard du prince de Condé est plus indécise. Le prince était arrivé entretemps à la cour et avait participé à la défense du château aux côtés de ses ennemis. L’interrogatoire des prisonniers le désignait clairement comme le bénéficiaire de la conjuration. Mais la parole de simples gens ne compte pas contre celle d'un prince de sang. Il fallait une preuve écrite irrécusable pour le mettre en accusation. Laissé libre à la cour, Condé s'échappa et rejoignit son frère Antoine.
Le déchainement de violence de la conjuration d’Amboise confirme l’opinion de la cour que la persécution des protestants ne fait qu’aggraver la crise religieuse. Sous l’influence de la reine Catherine de Médicis et des conseillers, le gouvernement tente d'apaiser les tensions en mettant en place une politique de concorde.
 Plusieurs mesures de clémence sont tout d'abord prises en faveur des protestants. Tout en encourageant le châtiment des fauteurs de troubles, le gouvernement ordonne la libération de toutes les personnes emprisonnées pour fait de religion. L'édit de Romorantin signé en mai 1560 porte en germe le droit à la liberté de conscience.
 En avril 1560, la reine fait nommer Michel de l'Hospital, chancelier de France. Le gouvernement est désormais dominé par les « moyenneurs », des humanistes qui croîent possible la réconciliation des chrétiens.
 Le cardinal de Lorraine lui-même est loin d’être insensible à la réforme de l’Eglise. L’idée d’un concile national de l'Eglise de France est officiellement lancée.
La politique de conciliation menée par le gouvernement avait pour but d'apaiser les troubles. Elle provoqua l'effet contraire. Encouragés par les mesures de clémence, les protestants continuent de s’assembler lors des prêches et mettent à mal l'autorité royale en multipliant les émeutes et les coups de main armés. La vague d'agitation surgie de manière sporadique lors de la conjuration d'Amboise, parcourt pendant l'été une grande partie du royaume. Les principales régions touchées forment un territoire en forme de croissant qui va de l'Anjou, au Dauphiné, en passant par le Poitou, la Guyenne, le Périgord, le Languedoc et la Provence.
 Les émeutiers bénéficient d'un appui important au sein de la noblesse locale. Animés par une propagande acharnée contre les Guise et d'un désir de vengeance depuis la répression des évènements d'Amboise, les plus audacieux n'ont pas peur de s’attaquer aux châteaux, de forcer les prisons et de saccager les églises. Au printemps 1560, le royaume connaît même en Provence la première vague massive d'iconoclasme. A partir de l'été, le mouvement de désobéissance civile s'intensifie ; plusieurs villes du Midi sont en état d’insurrection.
 Avec l'appui secret des deux premiers princes de sang, Condé et Navarre, une organisation politico-militaire se met progressivement en place. Les protestants élisent localement des chefs, récoltent de l'argent, achètent des armes et font lever des troupes. Des bandes armées circulent depuis le Languedoc vers la Provence et le Dauphiné. Le point d'orgue de cet embrasement militaire a lieu dans la nuit du 4 au 5 septembre, quand les troupes protestantes tentent de s’emparer par la force de Lyon.
La réaction du roi est vive et déterminée : convocation du ban et de l'arrière-ban, redistribution de l'armée dans les provinces agitées et ordre aux gouverneurs de regagner leur poste. Pendant l'automne, l'ordre semble revenir peu à peu ; les chefs rebelles qui n'ont pu être arrêtés sont en fuite. Convaincu de la responsabilité du prince de Condé dans l'embrasement de la province, le roi le fait venir à la cour et le 31 octobre 1560 et le fait arrêter.
 Sur le plan extérieur, la politique du gouvernement de François II s'inscrit dans la continuité des efforts de paix menés par Henri II depuis la signature du traité du Cateau-Cambrésis (avril 1559). Au détriment de son influence et de son rayonnement en Europe, la France poursuit la restitution des terres conquises par elle depuis quarante ans. A cet égard, le règne de François II marque, au profit de l’Espagne, le point de départ de l’affaiblissement de la prépondérance française en Europe.
 L'état de santé du roi s'aggrave dès novembre 1560. Le 16 novembre, il a une syncope. Après seulement dix-sept mois de règne, François II meurt le 5 décembre 1560 de maux insupportables à l'oreille. Il s'agissait peut-être d'une mastoïdite, d'une méningite, ou encore d'une otite devenue un abcès. La trépanation fut envisagée par Ambroise Paré. Certains soupçonneront les protestants de l'avoir empoisonné, rumeurs dénuées de fondement.
 François II meurt sans descendance, son frère cadet Charles, âgé de dix ans, lui succède. Le 21 décembre, le Conseil privé nomme Catherine de Médicis « gouvernante de France ». Les Guise se retirent de la cour. Marie Stuart, veuve de François II, retourne en Écosse. Louis de Condé, qui attendait son exécution dans sa cellule, est libéré après négociations avec Catherine de Médicis.

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