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jeudi 9 février 2012

Jean II de France, dit Jean le Bon


 Jean II de France, dit Jean le Bon, (né le 26 avril 1319 - mort à Londres le 8 avril 1364), fils du roi Philippe VI et de Jeanne de Bourgogne, fut roi de 1350 à 1364.  Il est sacré le 26 septembre 1350.
Jean  de santé fragile et a peu d'activités physiques. Il est d’une personnalité sensible et laisse facilement cours à son émotivité. Il aime les livres, protège peintres et musiciens.
Le règne de Jean est marqué, comme celui de son père, par la contestation de Charles de Navarre et par Édouard III, lesquels n'acceptent pas l'accession des Valois sur le trône de France. Les actions de Jean  sont donc guidées par la nécessité politique, de prouver avant tout la légitimité de sa couronne.
 Dès son plus jeune âge (il est duc de Normandie à 13 ans), il doit lutter contre les forces de ceux qui, attirées par l'influence économique anglaise ou le parti réformateur, affectent les villes et la noblesse. Évoluant au milieu des intrigues, il est méfiant et gouverne dans le secret avec un cercle de familiers.
Philippe VI décide de marier son fils – alors âgé de 13 ans – pour nouer l'alliance la plus prestigieuse possible et de lui confier un apanage (la Normandie). Il décide de s’allier avec le roi de bohème et choisit Bonne, fille de Jean de Luxembourg.
Jean, duc de Normandie, comte d'Anjou, du Maine et de Poitiers, seigneur des conquêtes de Languedoc et de Saintonge, n'est pas très puissant. Ce sont les officiers du roi qui administrent la plupart de ses possessions. Par contre, il participe aux diverses campagnes militaires.
Les Normands multiplient les raids contre les ports anglais dans les premiers temps. On envisage un débarquement de grande ampleur. Jean, dont les Normands seraient en première ligne, en serait le commandant en chef, faute de finances, le projet est abandonné. Il combat contre les Anglais en Hainaut en 1340, en Bretagne en 1341-42 et en Guyenne en 1346.
En septembre 1341, Philippe VI choisit Charles de Blois pour la succession de Bretagne. L'autre prétendant, Jean de Montfort, avait pris possession de toutes les places fortes du duché et avait donné l'hommage à Édouard III sachant que le roi de France ne l'accepterait pas. Jean réunit une armée renforcée de mercenaires génois et pénètre en Bretagne fin 1341. Il prend Nantes et capture Jean de Montfort. Les villes ne tardent pas à reconnaître Charles de Blois. Le conflit nullement réglé va se prolonger 23 ans. Édouard III débarque à Brest en 1342 alors que l'armée française l'attend à Calais. Il assiège Vannes et une armée menée toujours par le duc de Normandie entre en Bretagne.  De fait, les Anglais occupent et administrent les places fortes encore fidèles à Jean de Montfort. Une large garnison anglaise occupe Brest. Les responsabilités confiées à Jean s’accroissent progressivement après ses succès en Bretagne : il siège au très restreint conseil du roi en 1343.
Après le désastre de Crécy, il faut trouver des boucs émissaires. Jean et son oncle le duc Eudes de Bourgogne tombent en disgrâce, comme les banquiers chargés par le roi des manipulations monétaires nécessaires à l'entretien des finances royales. En Europe circule l'idée d'une adoption d'Édouard III par le roi de France qui en ferait son successeur et mettrait fin au conflit. Le duc de Normandie, se sentant menacé, cherche l'appui de son beau-frère, le très puissant Charles de Luxembourg, futur empereur. Le 7 mai 1347, celui-ci s'engage par serment à venir à son secours et à celui de ses 4 fils au cas où on l'empêcherait de succéder à la couronne.
En 1347, après la chute de Calais, Philippe VI, discrédité, doit céder à la pression. C'est Jean qui prend les choses en main. Ses alliés (les Melun et les membres de la bourgeoise d'affaires qui viennent d'être victimes de la purge qui a suivi Crécy et qu'il fait réhabiliter) entrent au conseil du roi, et occupent des postes élevés dans l'administration.
Bonne meurt de la peste et Jean suit l’avis du roi qui, pour des motifs politiques, souhaite que l’héritier fasse alliance avec la duchesse Jeanne, riche héritière du Duché et du Comté de Bourgogne ainsi que de l’Artois. Jean épouse Jeanne, en secondes noces. Déjà comtesse de Boulogne et d'Auvergne depuis la mort de son père en 1332, elle assure la régence du Duché et du Comté de Bourgogne ainsi que de l'Artois.
La guerre connaît une période de trêve depuis la grande peste de 1349. La première partie de la guerre a tourné largement à l'avantage des Anglais. Jean se fait couronné rapidement (26 septembre 1350) après la mort de Philippe VI (22 août). Le règne de Jean est marqué par la défiance du pays envers les Valois choisis à la mort de Charles IV pour éviter qu'Édouard roi anglais prenne possession du trône de France.  La nouvelle dynastie, confrontée à la crise de la féodalité, aux défaites du début de la guerre de Cent Ans et à la grande peste, perd du crédit. Profitant des troubles internes et sûres de la supériorité tactique conférée par l'arc long, les Anglais, menés par Édouard III et son fils le Prince noir, relancent la guerre en 1355.
Le Prince noir revient sur le sol français pour une nouvelle campagne de pillages. Gênée par le poids du butin, sa troupe oblique alors vers l'ouest, puis vers Bordeaux en passant par Poitiers. Jean la poursuit avec une armée deux fois plus nombreuse, composée de chevaliers lourds, et le rattrape dans les environs de Poitiers.
Le 19 septembre 1356, Jean est battu et fait prisonnier à la bataille de Poitiers, malgré la réorganisation de l'armée qu'il a menée. Le pays sombre dans le chaos. Les états généraux menés par Étienne Marcel prennent le pouvoir à Paris et tentent d'installer Charles de Navarre à la tête d'une monarchie contrôlée.
En 1358, les campagnes se soulèvent et s'allient avec Étienne Marcel, mais le dauphin Charles, se fait nommer régent et retourne la situation. Jean peut regagner la France en 1360, après la signature du traité de Brétigny qui lui rend la liberté, mais cède un tiers du pays à Édouard.
 Son retour est difficile. Il faut payer son énorme rançon et les finances sont au plus bas. Il stabilise la monnaie grâce à la création du franc, mais les Grandes Compagnies pillent les campagnes et bloquent le commerce. Il tente de mettre fin à leurs agissements mais l'armée royale est vaincue à Brignais. Il tente ensuite d'en débarrasser le pays en les menant en croisade contre les Turcs avec l'argent du Pape. Il essuie un nouvel échec, Innocent VI mourant 15 jours avant son arrivée en Avignon et étant remplacé par le peu dispendieux Urbain V.
Urbain V a l'idée de l'envoyer en croisade en emmenant les compagnies qui saignent la France. Le moment est propice puisque  les Turcs ottomans, ont pris Andrinople. Il envisage de reconquérir son honneur en croisade en répondant à l'appel du roi de Chypre. Cette croisade financée par le pape, via les décimes, le roi comptant bien en récupérer une partie pour rembourser sa rançon. Il reçoit la croix des mains du nouveau pape Urbain V. Mais le nouveau souverain pontife est très soucieux des finances de l'Église et impose que les décimes soient prélevées par les évêques ce qui ôte tout espoir de plus-value à Jean.
 Finalement, il repart pour Londres le 3 janvier 1364 afin de renégocier le Traité de Brétigny pour lequel il a du mal à payer la rançon et la libération des otages (son fils Louis, lassé d’attendre sa libération, s'est déjà enfuie de Londres. Il réunit les états généraux à Amiens fin décembre 1363 et leur fait part de sa décision. Il laisse une situation désastreuse avec un pays ruiné et mis en coupe réglée par les compagnies, mais une bonne partie des décisions qui vont permettre à Charles V de relever le royaume sont déjà prises. La monnaie est stabilisée, une administration plus efficace via la politique des apanages est mise en place, les impôts sont votés. Il laisse son fils aîné régler la situation, ce qu'il a déjà fait brillamment en 1358. Jean II meurt à l'hôtel de Savoie, à Londres, le 8 avril 1364. Son corps est restitué à la France.

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